Marie-Claire Raoul : session 2

Marie-Claire Raoul réalise en novembre, dans l’ex-Cercle naval, son deuxième temps de résidence.

Dès février, elle a instauré un dialogue avec le botaniste et phytosociologue Loïc Delassus. Partant du vallon du Stang-Alar, ils se sont ensuite aventurés de l’autre côté du pont de Plougastel, à la pointe de Kerzanton, à la recherche de la garance voyageuse.

D’autres évènements et personnes ont compté dans ses pérégrinations et ses recherches autour de la nature. Par exemple, un séjour d’une semaine en mars 2021 à l’école d’horticulture de Fayl-Billot pour appréhender l’univers de l’osiériculture et du travail du saule, puis sa rencontre avec Guy L’Anthoën, de la Société horticole de Brest, qui a créé une oseraie au parc de l’Archantel ou bien encore celle avec monsieur Michel Garcia, magicien des couleurs végétales installé au Falgouët depuis peu. En juillet, Elle a également  participé à une sortie herboriste E.R.I.C.A organisée par Gaëtan Masson, botaniste chargée d’étude de la flore au CBNB, pour un inventaire sur les étangs et sources de l’Aber Ildut. Sortie qui lui a permis d’approcher un groupe de botanistes, ces personnes qui consacrent leur vie à la découverte du règne végétal. Leur passion pour la reconnaissance et la classification des plantes pourrait parfois être qualifiée d’obsession végétale.

Au gré de ces rencontres et au regard de la spécificité du territoire brestois, et du secteur du vallon du Stang-Alar en particulier, elle a finalement eu envie d’orienter ses recherches sur deux sujets : l’appropriation du domaine végétal par le dessin et les métamorphoses du paysage.

Le vallon du Stang-Alar

Situé à l’interface entre terre, mer et ville, le site du vallon du Stang-Alar n’a cessé de subir de multiples métamorphoses.
D’autre part, y est implanté le Conservatoire national botanique, observatoire des plantes sauvages et des milieux naturels, haut lieu de conservation des espèces botaniques menacées, et, par conséquent, haut lieu de connaissance et de culture.

C’est pourquoi elle a concentré son intérêt sur ce secteur qui lui semble être emblématique de la question de la Nature.

D’après nature

« Je m’intéresse à la représentation du végétal. Avant l’approche génétique, le dessin fut un moyen de connaissance des plantes passant par l’observation fine de leur morphologie. »

« Je suis partie d’une réflexion de Loïc Delassus sur les espèces dominantes dans le vallon : le hêtre, le chêne et le châtaigner.

Il y a un très beau châtaigner à l’angle de la rue François Menez et de la rue de Quimper, non loin du bloc d’immeubles accolés à la falaise du plateau de Guelmeur. J’ai prélevé une branche pour la dessiner d’après nature. J’ai fait de même avec une branche d’un chêne à Guipavas non loin de la source du Stang-Alar. Pour le hêtre, j’ai vu de beaux spécimens sous le rond point de Palaren. J’en ai coupé une branche, avant que toutes les feuilles ne soient tombées, quand les couleurs sont encore métissées du vert au mordorées, mais je n’ai pas eu le temps d’en faire l’esquisse. Pour la conserver, j’ai plongé la branche dans une solution d’1/3 de glycérine pour 2/3 d’eau. »

« On a pas toujours le temps de dessiner les fleurs, mais on peut les photographier ou les mettre à sécher.

Un herbier représente une source importante d’informations sur les caractères morphologiques des plantes et sur leur répartition géographique.

Par exemple, un jour où je marchais dans la rue du Moulin à Poudre, j’ai cueilli une benoîte commune avec sa racine, je me le suis permis car ce n’est pas une plante en voix de disparition, et je l’ai tout de suite mise à sécher entre des feuilles de journaux.

Ou bien, lors de la sortie botanique sur les bords de l’Aber Ildut avec le botaniste Gaëtan Masson, il n’était pas question de dessiner puisqu’il s’agissait de faire l’inventaire des espèces présentes sur le terrain. »

« Si je ne note pas le nom de la plante, la date et le lieu du prélèvement, je prends le risque d’oublier le contexte. Il reste la forme. »

« Aujourd’hui, Les herbiers sont remplacés par des banques de données où sont conservés des fragments de génomes. Les données génétiques conduisent les chercheurs à repenser l’histoire de l’évolution des plantes, leur arbre généalogique. »

Marcher sur l’eau blanche

« Une deuxième direction serait d’imaginer une structure qui soit un rappel d’un paysage oublié. Car, en réalité, se promener dans le secteur du vallon du Stang Alar, c’est marcher sur un paysage enf(o)ui.

« Dour Gwenn ou l’eau blanche en breton, c’est l’ancien nom de la rivière qui traversait à l’origine le vallon du Stang-Alar et se jetait dans la rade. »

C’est un espace étrange et déroutant : à la sortie du jardin du Stang-Alar vous longez une prairie, puis vous passez par un tunnel sous le rond-point de Palaren, puis sous la voie ferrée et enfin sous la D145, pour accéder à la plage du Moulin blanc, plage artificielle créée pour compenser la disparition de celle de Saint Marc suite à son comblement dans les années 60.

Les anciennes cartes hydrographiques montrent qu’au niveau de Palaren existait un étang qui se prolongeait jusqu’au rivage. »

Sur l’une des cartes (« Carte hydrographique des environs de Brest », Gallica), datée de 1695, on remarque également l’existence d’un passage sur l’estran longeant le littoral. S’agissait-il d’un sillon ou cordon littoral comme il en existe plusieurs dans la rade de Brest ?

Il y a donc l’idée de deux structures. L’une pourrait être construite en osier vivant et sa hauteur correspondrait à la partie submergée du sol.

Une autre constituée de tiges de bambous se situerait sur la plage et suivrait le tracé de ce sillon hypothétique.

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