François Chemin à la Maison des Abers
Dans le cadre de la poursuite de son projet Cartographie du territoire entropique, François Chemin se focalise sur les constructions humaines situées sur les sites de l’aber Wrac’h immergés à marée haute.
En plus d’enregistrer les manifestations de l’entropie sur les artefacts tels les mégalithes et les blockhaus il souhaite constater la dégradation des supports d’enregistrement qu’il aura effectués, en les enterrant sous-terre pendant une dizaine de jours. Il aimerait procéder à cet enfouissement aux abords de la Maison des Abers – Ti An Aberioù. Lieu pour le moins stratégique puisqu’il s’agit d’un espace de découverte des Abers situé sur les dunes de Korn ar Gazel à Saint-Pabu, au cœur de la région des Abers.
Cette réunion est l’occasion pour Gaëlle et Christophe Nicolas, respectivement animatrice et co-président de la Maison des Abers, de rencontrer l’artiste et d’en savoir plus sur son projet Cartographie du territoire entropique et sur les actions d’enfouissement et de déterrement proprement dites.
En effet, la Maison des Abers étant propriété de la commune de Saint-Pabu, toutes les interventions à l’intérieur de la structure et sur le terrain attenant doivent être présentées à la commune qui donnera ou pas son aval.
Ils posent donc plusieurs questions à l’artiste :
– Combien de trous souhaites-tu faire et de quelles dimensions (longueur, largeur et profondeur) ?
– Quels seront les emplacements de ces trous par rapport à la Maison des Abers ? Te serait-il possible, pour les visualiser, de dessiner des repères sur une carte ?
François indique donc à Christophe le lieu d’enfouissement qu’il a prévu sur les dunes devant la Maison des Abers, face à l’estran. Les supports d’enregistrement, disque vinyle et cassettes Super 8 seront placés dans un coffret en béton qui sera lui-même enterré dans un trou d’une dimension de60 cm de large, sur 60 cm de long, et 50 cm de profondeur.
Il est convenu que François envoie à la Maison des Abers et à Espace d’apparence un dossier décrivant le dispositif et le lieu d’enfouissement ainsi que le déroulé des actions d’enterrement et d’exhumation. Ceci, afin que Mariette, membre de la Maison des Abers et élue de la commune de Saint-Pabu, puisse en référer lors de la prochaine commission municipale.
Après cette mise au point, nous avons le privilège d’assister à la projection des premiers enregistrements en Super 8 de l’artiste. François Chemin est de fait fasciné par les anciens dispositifs analogiques de captation d’images et tout le protocole nécessaire à leurs mises en route.
François est en contact avec MIRE, association nantaise dédiée au cinéma expérimental et à l’image en mouvement. Il y a récemment effectué un stage de développement et montage inversible noir & blanc.
Par ailleurs, il a d’ores et déjà réalisé une composition musicale à partir de chant breton de la région de Landéda et du Léon. Cette composition sera enregistrée au conservatoire de Rennes puis gravée sur disque vinyle. Il va sans dire que cette démarche incluant le patrimoine chanté breton des Abers passionne Christophe Nicolas, anciennement enseignant en breton et directeur de la maison d’édition publique Ti-Embann ar Skolioù.
Christophe Nicolas évoque les recherches de Bernard Paul, bénévole de la Maison des Abers, sur les blockhaus de Saint-Pabu, et suggère à François de le rencontrer.
Avant de nous quitter, nous définissons un modus operandi et un calendrier pour les deux actions performatives à venir de François Chemin :
- Le 10 juillet 2024, sera enterré – au nord-ouest de la Maison des Abers – un coffre en béton contenant le film super 8 (dans un boîtier en béton) et le vinyle (dans une pochette en béton). Le trou ainsi creusé fera environ 60 cm de large, sur 60 cm de long et 50cm de profondeur.
- Le 20 juillet, 10 jours plus tard, les œuvres seront exhumées à partir de 18h, lors d’une performance ouverte au public. Une fois les pièces complètement sorties de terre, elles seront transportées dans la salle de projection de la Maison des Abers, afin de mettre en place la diffusion de celles-ci. Débutera alors la projection du film numérique documentant le processus de création de ce projet puis la diffusion du film analogique et de son vinyle. Un temps d’échanges avec les spectateur·ice·s clôturera cet événement public.