Depuis plusieurs années, Pauline Hégaret expérimente l’impact cognitif du vécu dans un univers sous marin et l’expérience sensorielle sur notre perception de l’environnement.
Pour son projet « Mixotrophia », elle teste et enregistre les interactions entre son propre corps et les micro-organismes bioluminescents.
Cet hiver, avec la complicité de la chercheuse en biologie marine Hélène Hégaret, elle a initié une phase d’expériences en laboratoire avec les microalgues Lingulodinium polyedra*. Préalablement à l’expérience, la chercheuse a cultivé en laboratoire les microalgues en question pour les transvaser dans l’eau.
Les expériences doivent être effectuées dans le noir total, et nécessite des appareils de captation suffisamment sensibles pour enregistrer dans l’obscurité les phénomènes bioluminescents dont la fugacité rend l’opération encore plus improbable. Par ailleurs, on ne peut pas répéter l’action indéfiniment car les microalgues se fatiguent. Après trop de stimulations, elles ne réagissent plus.

Mais, Pauline Hégaret ne s’arrête pas à ces difficultés.

Lors de ce premier essai, l’artiste verse l’eau sur son visage. Son intention finale est de s’immerger en totalité dans un photo-bioréacteur cylindrique rempli d’eau de mer contenant des microalgues et suffisamment grand pour qu’une personne puisse s’y tenir. À suivre donc.

*A propos des microalgues Lingulodinium polyedra

Il n’est pas rare d’observer des épisodes de proliférations de ces microalgues sur le littoral en Bretagne sud, détectables par la coloration rouge/marron de l’océan.
C’est une stimulation mécanique, comme l’action des vagues qui s’écrasent sur la plage ou le passage d’un bateau, qui déclenche la bioluminescence. La lumière émise par ces micro-algues suit un rythme journalier, avec une intensité forte observable la nuit et une lumière inexistante ou négligeable de jour.